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Décentralisation: les régions souhaitent s'affranchir du centralisme jacobin
information fournie par Boursorama avec Media Services 07/11/2025 à 11:35

Photographie du Conseil régional d'Île-de-France prise le 20 décembre 2012 à Paris. ( AFP / EDOUARD DE MARESCHAL )

Photographie du Conseil régional d'Île-de-France prise le 20 décembre 2012 à Paris. ( AFP / EDOUARD DE MARESCHAL )

Selon un sondage Ifop, 76% des français se disent favorables à ce que les décisions soient prises au niveau régional.

Quarante ans après les lois de décentralisation, alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu promet un nouvel acte en décembre, les régions réclament une réaffirmation de leur rôle, tandis que le Rassemblement national souhaite les supprimer.

" Les régions sont à l'avant-poste des solutions pour lutter contre les déserts médicaux, pour trouver des solutions de mobilité au quotidien, pour assurer la réindustrialisation ", a rappelé jeudi Carole Delga, présidente de Régions de France, lors du 21e congrès de l'association.

Dix ans après la création des grandes régions, le poids économique de l'ensemble des régions françaises reste inférieur à celui du seul Land de Berlin et leurs recettes dépendent majoritairement de transferts de l'État.

"Le champ des compétences des régions françaises est bien plus étroit que celui de leurs homologues européennes qui ont en charge l'essentiel des politiques publiques en matière de culture, de santé et d'éducation", relève dans une note le géographe Philippe Subra.

"Il reste dans notre État quelque chose de l'ordre de l'infantilisation", confirme François Bonneau président PS du Centre-Val de Loire. "Lorsque l'État transfère des compétences, il le fait à reculons et sans jamais nous donner les moyens de les exercer pleinement", complète Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.

L'élu autonomiste pointe également le décalage entre un discours étatique "favorable à la décentralisation" et une "pratique verticale" du pouvoir, l'élu local étant réputé "incapable d'avoir une vision claire de l'intérêt général".

Selon un sondage Ifop commandé par Régions de France, 76% des Français souhaitent que les pouvoirs de décision se situent dans les régions .

Près des deux tiers se disent aussi favorables à ce que le système politique évolue vers un "fédéralisme régional" où chaque région pourrait créer ses propres lois dans certains domaines.

"Le principe d'égalité n'impose pas de traiter uniformément les territoires"

Un plébiscite qui n'est "pas du tout dans notre tradition", reconnaît le directeur général de l'Ifop Frédéric Dabi, et qui s'explique selon lui par "la défiance des Français à l'égard d'un pouvoir central qui ne change plus la vie".

" Notre modèle institutionnel, fondé sur le centralisme et le jacobinisme, se fissure de toutes parts et appelle une refondation ", estime Carole Delga, également présidente PS de la région Occitanie. "A l'évidence, la Bretagne n'est pas la Guyane" et "le principe d'égalité n'impose pas de traiter uniformément les territoires", ajoute-t-elle.

Loïg Chesnais-Girard, président PS de la région Bretagne, est lui favorable à un "fédéralisme à la française" pour permettre aux régions de mieux exercer les compétences qu'elles ont déjà (lycées, formation, transports, développement économique, etc.) mais aussi pour "plus d'autonomie dans la République", citant l'exemple du "Pinel breton", un dispositif fiscal d'aide à l'investissement locatif que la Bretagne a expérimenté en choisissant elle-même les endroits où il s'appliquerait.

Les exécutifs régionaux plaident unanimement pour des compétences "pleines et entières".

"L'Ademe (Agence de l'environnement, ndlr) double nos actions ? Transférez-nous l'Ademe !", a lancé Valérie Pécresse, présidente LR de l'Ile-de-France.

"Quand on fait la même chose des deux côtés, ça veut dire qu'on a deux fois plus d'agents", abonde Franck Leroy, président DVD de Grand Est.

Les collectivités opposées à un "fédéralisme"

Les dix dernières années ont certes permis de "structurer un environnement propice au développement économique régional", souligne Jérôme Durain, président PS de Bourgogne-Franche-Comté. Mais "piloter les boutiques en étant toujours un pied sur l'accélérateur, l'autre sur le frein, c'est insupportable", admet l'élu, pour qui l'État "change les règles du jeu en permanence".

Les régions sont par ailleurs selon lui "très mal identifiées par les Français".

Selon le constitutionnaliste Benjamin Morel, la commune reste "l'échelon le plus populaire" aux yeux des Français, tandis que la décentralisation apparaît comme un sujet "très ésotérique".

Il rappelle aussi que la plupart des collectivités "ne veulent pas de fédéralisme" dans la mesure où un tel système supposerait une tutelle des régions sur les départements et les communes .

"Le modèle corse est davantage un modèle de régionalisme, de différentialisme, comme on peut le connaître en Espagne", souligne-t-il, rappelant toutefois que la décentralisation peut "creuser les inégalités territoriales" si une collectivité n'a par exemple plus les moyens d'exercer sa compétence.

9 commentaires

  • 13:12

    Alors, il y aura des inégalités territoriales entre ceux qui gèrent bien et les autres, il y aura peut-être de la corruption, mais si les responsables sont "à portée de baffe" des citoyens il aura sûrement plus de réactivité et de pragmatisme que dans le "pilotage d'en haut" à taille unique qui caractérise l'administration centralisée.


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